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Hyperouranie
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Cette nuit loin de la ville
le ciel ressemble à une feuille immense
tombée sur un cactus et qui perforée
mille et mille fois laisse apparaître la lumière
éternelle d’un soleil d’outre-ciel
.
Serait-ce que des milliers
de petites blessures projetées à l’aube
en négatif sur une feuille blanche
seraient le chemin
qui mène à l’illumination ?
.
L’éveillé seul connaît
sans besoin d’autre preuve
son état d’éveil
qu’il ressent à la rayonnante
amitié que soudain
lui témoigne l’univers !
30/06
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Fétu
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Quatre graminées au soleil
dont les tiges
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en faisant fléchir l’Invisible
l’obligent à se trahir
et propager leur semence
vers d’autres terres
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me font croire à la poésie !
30/06
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Avena fatua
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Grains oblongs et longs cils au bord
des chemins : la folle avoine
regarde passer l’agitation
plus folle encore
de tout ce qui roule ou qui marche
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Machinalement avec la main droite
j’en ai raflé un brin
pour l’observer de tout près
à la façon d’un herboriste
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Puis mâchonnant la tige
et méditant d’antiques symboles de fortune
j’ai songé que je devrais en prendre de la graine
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30/06
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Éclats de voix
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j’ai tenté de faire pousser
sur le sable clair du désert
des fleurs de cristal attifées
de lettres de mon alphabet
Elles s’ouvraient au signal
des étoiles du noir firmament
À l’aube leurs corolles argentées
(agrémentées d’antennes courbes
longues, plumeuses comme celles
des papillons de nuit du genre
naclia punctata qui parfois
tournent autour des lanternes
lorsqu’on s’attarde à la fraîche
le soir sur la terrasse) leurs corolles
restaitent ouvertes à la brise tant
que n’avait pas séché la lumière
des larmes instables partout posées
par la rosée...
J’ai tenté de faire
pousser au désert des fleurs de cristal
attifées de lettres de mon alphabet...
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Hélas mon cri en elles s’est brisé !
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Averse
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Comme il pleut
fils d’araignée de la pluie
reliant le ciel à la barbarie
des humains
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On dit mauvais temps
pourtant les herbes se redressent
de bonheur Les arbres agitent
leurs feuilles en guise de salut
La terre se gonfle d’aise
Les oiseaux lissent leurs plumes
avec satisfaction puis s’ébrouent
.
Un nuage pris dans un rai de soleil
tente de s’échapper mais s‘échoue
sur le récif bleu d’une éclaircie
et fait naufrage
Autour de moi le monde lavé
sent le propre L’air s’éclaicit la brise
comme un comédien la voix
.
Un escargot ondule du pied
en grimpant à la verticale au long
d’un des verts glaives des glaïeuls
Une coccinelle sur la fleur
se sèche une puis l’autre élytre et
s’envole rejoindre son dieu
.
En quelles souffrances passées
ne doit-on pas puiser au fond de soi
pour prétendre régner
sur la Nature
ou croire qu’on peut sagement
se gouverner soi-même !
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Βλέπω τις ημέρες να εξαφανίζονται
.
Il fait pluie et gris. Je rêve
aux lys d’écume de la Méditerranée
.
Seule la vague, indéfini refrain des eaux,
revient à sa grève infatigable
.
Je vois s’éteindre les jours que le globe
en tournant souffle comme des chandelles
.
Un peu de fumée, une vague persistance
d’odeur de mauvais encens
.
qu’aussitôt la minute nouvelle dissipe...
La pluie à travers la nuit s’obstine et moi
.
je rêve aux lys d’écume de Notre Mer.
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