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    Ichtys, ichtys !

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    Le quai où de loin on sent frétiller l’odeur brillante du poisson : c’est là que j’aborderai, avec mon pointu traçant au travers du rythme hésitant de la houle.

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    Les nuages qui pour me faire obstacle ont lancé sur la mer leurs éperviers de reflets croient-ils, de mon cap, me détourner par d’aussi fluctuants subterfuges ?

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    Quand même un improbable gel envahirait les eaux d’une banquise immaculée, je ferais du pôle que je vise un môle, en échangeant p a i x contre a i m e...  

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    Puis accostant je nouerai à l’anneau le filin ; enjambé le bord de la coque dansante j’empoignerai l’escalier de métal oxydé, débouchant sur les pavés de la place.

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    Il y a là les étals de bois, couverts de copeaux de glace parsemés de turbots, de lottes, de maquereaux, de loups, de limandes, mourines et autres anges au parfum iodé.

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    Le vieux pêcheur borgne, par ses copains surnommé Cyclope, est en train de vanter à voix de Stentor sa pêche du matin, aux vertus miraculeuses pour le coeur…

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    Il me propose pagri, lavraki, tsipoura, car il est d’ascendance grecque et sait que je connais ces noms qui me rappellent certain petit restaurant exquis de Katakolon.

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    (Je choisis la dorade en mémoire d’un passage du Bateau Ivre de Rimbaud, qui parle de flots bleus et poissons d’or chantants…) « - Tsipoura ! » Le vieux sourit de notre complicité.

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    Ce n’est certes pas à cause de lui que la mer se vide : cependant me traverse une vague de tristesse car bientôt l’on ne pourra plus montrer ces splendides poissons aux enfants.

     

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