• Tant qu’on le peut encore

    .

    .

    Au-delà des toits vaguent les nuages

    .

    La ville s’active rumeurs de paroles

    et chuintements incessants d’autos

    Je rêve d’une glycine embaumante,

    aux grappes fraîches comme neige

    .

    Pas très loin d’ici ronfle une machine

    Elle charge des choses avec des chocs

    répétés Mais par la fenêtre on ne voit

    rien Serait-ce le bruit de mon coeur

    .

    Ou des heurts dont la mémoire

    parfois ravive ma chair nocturne

    Souvenirs des émotions brutales

    dont une vie d’homme est remplie

    .

    Tant d’anciennes passions défuntes

    tant de visages violemment disparus

    tant d’inévitables regrets et chagrins

    et tant de bonheurs accablants et fugaces

    .

    Déjà nous voici mi-octobre et l’hiver

    n’est plus très loin – qui nous attend : je veux

    étreindre encore la compagne de mes rêves

    avant que le gel ne me paralyse les membres

    .

    Au-delà des toits vaguent les nuages

     

    .

     

    .

    Outre les ténèbres...

    .

    Outre les ténèbres peut-être s’éclaireront

    de toute leurs verdeurs les Îles Maladives

    que j’imaginais enfermé dans ma chambre

    d’adolescent les jours de grande fièvre

    .

    Au centre tapissé de forêts vierges

    un volcan dressé avec son rose panache

    redondant de casoar majestueux règnerait

    sur la musique d’invisibles lézards-chanteurs

    .

    Ce serait comme un périple doux à la voile

    vers les blancs anneaux des plages prêtes

    pour la calligraphie des pattes de pétrels

    mais aussi pour nos empreintes de pieds nus

    .

    à nous fantômes sans os qui ne vivrons là-bas

    si l’on peut appeler ce genre d’existence « vivre »

    que dans les mémoires imaginatives de ceux

    qui auront un moment pleuré notre départ...

     

     

     

    .

    Sept vérités obsessionnelles

    .

    La poésie est la transmission directe de l’expérience de vivre, lorsque la parole, plutôt que de raconter, éprouve.

    .

    La poésie, roseau pensant, touche au fond de l’étang mais également au ciel lorsqu’il condescend à prêter à la surface des choses son reflet.

    .

    Verte, par une longue fréquentation de la lumière la pomme s’empourpre, au point de prendre une noblesse cézanienne. Ainsi en va-t-il de la poésie.

    .

    Ce à quoi, en dernière analyse, la poésie demeure insoumise, c’est au renoncement : même lorsqu’elle feint sincèrement de renoncer, et qu’elle croit à son mensonge.

    .

    Ce que dit à travers le papier ou la voix, un être de poèmes, est évidemment semblable aux pièces hétéroclites d’un puzzle de rosée dont l’incomplétude éblouit d’une lumière unique.

    .

    En explorant l’Origine, le Premier Moment Naturel qui a changé quelque pithécanthrope inconnu en Homo, on découvrira la faculté de poésie. (Seul un esprit pénétrant peut comprendre ce fait.)

    .

    Il tressait entre ses doigts des rayons de soleil, pour en faire une sorte de nasse où la parole se laisserait capturer ainsi qu’un vivant poisson d’argent !

     

    .

    .

    Au fil du fleuve impassible...

    .

    Les longs plis brillant de l’eau qui hachent

    l’image de la rive, ses maisons, ses châteaux,

    ses bosquet prasins d’où montent des chapelles roses,

    alentour de quelque barcasse encordée

    qui se déplace et par instants

    comme chèvre à son pieu revient...

    .

    Oh, descendre le courant nonchalant des fleuves

    en sachant qu’il vont se fondre dans la mer, quelle douceur,

    quelle sérénité ! Les grèbes, les colverts,

    les foulques, les sarcelles, nagent dans l’ombre

    des buissons dont croulent les panaches

    au-dessus de l’eau complice…

    .

    Et tandis que le temps glisse

    à peine balancé par l’insensible clapotis

    de l’azur ici-bas liquide,

    une main traînant par-dessus bord

    dans la mouillure à peine tiède

    de l’été, on dodeline un coude sur la barre :

     

    Songeant à de secrètes merveilles,

    l'oeil vers le dos de la sirène nue

    assise en tailleur à la proue - s'égare

    tout en lorgnant aussi la voile qui faseye.

     

    .

     

     

    .

    De l’Injustice

    .

    Il y a ceux qui gagnent au Loto sans rien faire

    ou presque et ceux – innombrables - qui ne gagnent

    jamais. Il y a les bourreaux de travail qui atteignent

    à une réussite éclatante et les grands travailleurs

    qui ne sont pas récompensés et galèrent toute leur vie.

    .

    Quelle que soit la catégorie où l’on nous rangerait,

    une seule chose est certaine, en ce monde, et c’est

    que la Justice, même avec un grand jeu, n’existe pas.

    J’avoue que j’en resterai contrarié jusqu’à ma mort.

    Et s’il y a un « Après », mon spectre enragera toujours.

    .

    Et si un dieu existe je le hanterai comme un remords.

    « »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :