• Contagion du Logos

    Contagion du Logos

    .

    La rencontre, chaude poterie au soleil

    rendue avec sa fraîcheur intérieure à ceux

    que l’on aimait 

    dont la présence en soie de souvenir

    est moirée comme pelage sur la croupe d’un cheval

    .

    Voici donc un peu de mon eau

    Si tu le veux goûte à sa limpidité tant qu’il te plaira

    Désaltère-toi Oublie-moi Regarde plutôt

    le bleu transparent du mirage qui porte en lui

    toute une éternité de soif

    à laquelle nul n’aura jamais accès

    .

    Ça ressemble à la lueur imminente d’un amour

    Un tissu de fils de satin enrobant un coeur de lumière

    à la manière d’un cadeau antique

    Un bulbe de céramique constellé de figures magiques

    dont l’huile en s’élevant quand la nuit tombe 

    nous restitue quelques lampées de ce soleil de l’olivier 

    qui a les feuilles vertes côté jour

    mais argentées côté lune quand les trousse

    en pleurant le vent des nuits 

    avec ses inflexions de jeune fille délaissée

    .

    Pour finir ce que le langage recueille

    aussi douteux et incertain que l’est la mémoire de l’eau

    et la franchise de l’enfance

    cela quelquefois contamine un proche

    qui nous en voudra sans doute de ne lui avoir pas

    épargné la fièvre d’une rencontre 

    à laquelle on s’accoutume si facilement

    qu’on en devient dépendant

     

     

    .

    Faiblesse

    .

    J’ai arraché trois feuilles de verveine

    Un oiseau a crié

    Mais la verveine sentait si bon !

     

    .

     

     

    .

    Hallucidité

    .

    Dans la foule de la rue

    j’ai croisé des têtes de mort

    encore en vie

    l’une était un sourire gracieux

    de jeune femme

     

    .

     

     

     

     

     

    .

    Tacite

    .

    Ce que tu te dis à toi-même

    garde-toi de le chuchoter aux roses

    elles le répéteraient à qui

    ne doit pas l’entendre

    et cela vous tuerait

    toi et ton ombre

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    .

     

    .

    Quand nous jouons…

     

    .

    Quand nous jouons ensemble aux accidents

    d’autos miniatures ou autre chose 

    petit Ezra me gronde : « Ce n’est pas

    le but du jeu ! » et son clair visage se fronce

    avec une expression de reproche vaguement irritée

    Moi j’essaie de comprendre de quel « but » il s’agit…

    À mon âge il n’est pas toujours clair…

    Et d’ailleurs de quel but s’agit-il vraiment ?

    L’expérience m’apprend que ledit « but » consiste

    essentiellement à ce que j’exécute les choses

    de la manière qui lui plaît, faute de quoi 

    j’encours aussitôt son courroux apitoyé ;

    mon problème à moi : c’est que j’ai, 

    dans certaines phases de nos amusements, 

    beaucoup de peine à deviner ce qui le contrarie :

    il m’arrive que croyant bien faire, j’empire

    les choses au point qu’Ezra est accablé 

    par mon inculture en ce qui concerne

    les jeux qu’on pratique à l’école maternelle...

    Alors il finit par abandonner en haussant 

    ses épaules graciles et soudain il sourit,

    avec une indulgente résignation : « C’est pas grave,

    t’es mon papy, je t’aime quand même ! »

     

    .

     Réchauffement climatique

    .

    Ces tessons de terrines au miieu des sables

    du haut d’un hélicoptère survolés

    furent des villages heureux et bariolés

    Du haut des montagnes la rivière 

    s’écoulait encore entre des haies de palmes

    sitôt venue la fonte des neiges

    Ce n’était pas un lit de pierres émoussées

    entre lesquelles un chiche filet d’eau

    circule à peine deux mois dans l’année

    De draps enveloppées les femmes une urne

    posée sur un coussinet qui les obligeait

    à garder la tête altière venaient au bord du bassin

    rempli des verdeurs mouvantes des dattiers

    En couchant dans l’eau leur récipient jusqu’au col 

    elle bavardaient si longtemps

    qu’elles s’avisaient qu’il était plein seulement

    quand il basculait vers le fond et le retiraient

    ruisselant de fraîcheur en riant aux éclats

    Par le sentier du retour leurs petits groupes

    longeaient les champs irrigués

    où l’on voyait piocher des hommes sombres

    entourés d’alignements de plantes vivrières

    Sur le seuil obscur des maisons de pisé

    peut-être des bambins presque nus attendaient-ils 

    en jouant avec des cailloux noirs ou blancs

    que prestement déplaçaient leurs mains brunes

    Peut-être, peut-être vivait-on ainsi – là-bas...

    Avant que le climat n’ait changé...

    « Jusqu'à la nuit... »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :