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Jusqu'à la nuit...
« No comment ! »
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Déconcertant à force de phrases insondables, sans susciter échos ni commentaires, en ce tonneau des Danaïdes le sens de ce qu’il écrit chute comme une pierre….
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Le même vent qui parfois, en poussant les vagues, en irise les écumes, est celui qui rend volubiles les oliviers, qui fait gronder les pins et carambole les mouettes.
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Quelle attirance dans un mot comme silence. Sans doute est-ce parce qu’en ce qu’il désigne s’éveillent les significations de tout ce que nos paroles taisent !
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La pluie d’énoncés que précipite son esprit ennuagé, a pour cible une vérité précise. Par malchance cette vérité-là s’avance toujours à l’abri d’un parapluie.
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Décantation
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Les yeux fixés sur le fond de la tasse de thé qu’il vient de boire
il observe le petit couple de bretons qui s’y trouve peint
main dans la main, phare et mouettes en arrière-plan
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Pour mille soucis fugitifs y compris celui du poème parfait
il se fait un sang d’encre dont la noirceur diffuse
en une mer de mots qui cache dans ses profondeurs
les ruines des Atlantis et autres Ys aux langues oubliées
parmi l’embrouillé foisonnement d’algues soumises
au balancier transparent des siècles
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Il cherche à travers ce qu’il apprend du passé
à discerner quelles nervures font la cohérence
du présent dont le sépare l’invisible paroi
d’un automne irrespirable et déjà bien avancé
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Toujours jeune au fond de la tasse le petit couple
d’amoureux en habit folklorique et rubans au vent
sous le symbole du phare Saint-Mathieu éclaire
à travers un reste doré de silence et de thé
la nuit des temps comme un soupir de conclusion
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La vie déserte
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À la pointe de mes souliers,
au fin bout de mes moufles
je veux bien croire que le froid
est promesse de printemps
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C’est ce que l’on me disait
déjà quand j’étais enfant
Passé l’hiver dernier on a connu,
c’est vrai, des jours plus plaisants
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Mais où sont les hirondelles qui volaient sur les labours ?
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Les vergers en blanc se demandent
s’il est encore utile de fleurir
quand on n’entend plus les abeilles
et voit les papillons mourir
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Sur un rameau le dernier corbeau
croasse obstinément que les hommes scient
( Sont-ils donc inconscients ou sots? )
la branche sur laquelle ils sont assis
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Mais où sont les hirondelles qui volaient sur les labours ?
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Peut-être reverrais-je encore un ou deux mois de Mai
mais où les processions et les paniers de roses blanches ?
Sur la maison des Chènes-Verts s’est refermée
la porte du Temps et cet arrière-goût de menthe
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de nos jeunes baisers, de nos anciennes amours
lorsque parmi les champs de trèfle à quatre feuiilles
main dans la main et le coeur tapant comme un sourd
nous allions cueillir la Beauté pour peu qu’elle le veuille
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Mais où sont les hirondelles qui volaient sur les labours ?
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Folle impuissance
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Ces éons de mousse qu’en bondissant lève la mer
avec la nervosité d’une Lucia de Lammer-Mor
me font penser à la lumière inutile et répétitive
qu’impose à chaque crise de folie l’amère « Muse »
si tant est qu’on puisse donner ce nom plaisant
à l’obscure pulsion farouche qui pousse au poème
quand elle s’empare d’esprits faibles et maladroits
comme sont au ciel ces nuages qui prétendent
singer archipels et continents - sans y parvenir...
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Réversibilité
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Évite de discourir sur l’être dont tu es le spectre, c’est lui qui doit parler en ton nom.
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Errant qui viens auprès de nous chercher la nuit, quelle déception ! Quelle violence d’insomnies étoilées !
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La poésie, c’est ce que le manque impose à nos rêves, en les évidant.
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Tu étais homme de mémoire. Tu deviens homme d’oubli.
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Une gloire qui ne serait qu’un renom, fût-il universel, n’est pas de l’essence qui m’intéresse.
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Si dans mes poèmes lumière il y a, elle est aussi physique que métaphysique.
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Oh, la voix brisée, en toi, de l’enfant qui s’obstine à se prendre pour ton ombre !
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Consanguins anonymes
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En marchant dans la ville
certains regards que tu croises sans y penser
te laissent après coup
comme un arrière-goût d’abîme
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Il n’y a pas d’extérieur
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Pas de beauté sans correspondance entre ton coeur
et le coeur de ce qui est ton monde
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Une beauté détachée de toute intériorité sera
comme un masque dépourvu de traits qui signifient
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La vision de la nature immédiatement fait sens
- on dit ça – pour les enfants : tout en elle les émeut
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Ce n’est pas gâtisme que d’estimer qu’il y a de puissantes
leçons à tirer de l’observation des bambins
Horizontis
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Allant chercher mon pain j’ai croisé une nouvelle fois
la nuit en robe d’ombre
J’ai rêvé que sur la place du quartier
Léonie déjà grande m’attendait tirée à quatre étoiles
Juste une vision aussitôt dissipée
sans que j’aie même entendu le son de sa voix
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J’ai ramené ma baguette encore tiède
Le boulanger est né au Maroc ça crée des liens
Nous avons discuté un moment du pays
(Pour contrer l’hiver j’évoquai le mois d’avril à Oued-Zem
la floraison folle des lis martagons et des marguerites)
puis des environs de Marseille où il a vécu un temps
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En rentrant chez moi je revoyais les Arcs au printemps
Les prés reverdis alentour de l’Argens quand le mistral
en contrecarrant mon souffle m’empêchait jaloux
de jouer de la flûte indienne en face du soleil levant
(Mais que le ciel est bleu quand le vent du nord
fait grelotter le silence en secouant les boutons d’or !).
Ezra sur un nuage
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Devant la haute fenêtre assis nous regardons le ciel
Ezra et moi Par dessus les pins aux torsions japonaises
et les bouleaux un cumulus d’un blanc lumineux
s’avance lent comme un paquebot sur la mer
Mais ce qu’Ezra voit là-haut est tout différent
Il parle d’un oreiller « doux-doux » et confortable
Un « coussin pour les anges quand ils sont fatigués »
Je lui demande s’il sait ce qu’est un ange mais il
ne m’écoute pas et continue de rêver tout haut
à son nuage « doux-doux » où faire des « trucs de ouf »
Il se verrait volontiers sauter ou dormir dessus et pense
que « ça doit être bon comme un pain au chocolat »
Je lui apprends le mot « moelleux » qu’il répète
cependant qu’il s’en désintéresse aussitôt pour me signaler
ce corbeau qui se pose tout en haut du peuplier
Ezra déclare que « sa couleur est le contraire du soleil »
Nous méditons là-dessus durant un long silence
Puis Ezra me prend la main pour aller jouer aux autos.
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Céder ?
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Je repense aujourd’hui au corbeau d’Ezra,
( Une corneille plutôt, de bonne taille, avec
de vastes ailes déployées en éventail… )
et je songe que mon corbeau à moi
ressemblerait plutôt à celui d’Allan Poe :
Portant assez volontiers un coup de dés,
j’écrirai de n’importe quel vieux poète :
« Sa douleur est le contraire du soleil »…
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Feuillets revisités
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J’ai repris ce vieux poème apparu
il y a plus de vingt ans
écrit avec une vivacité maladroite
qui en rendait les formules trop longues
C’était une époque de hâte où il fallait
faire face à trente-six choses à la fois
et surtout d’une façon qui passe la plus inaperçue
possible pour éviter de susciter des reproches
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Écrire alors te paraissait une activité coupable
et sacrée à la fois Tu griffonnais l’essentiel durant
les trajets en métro et les interstice plus ou moins
imprévus de la vie – dérobant quelques lignes urgentes
ici ou quelques autres là - au gré du hasard et souvent
sans avoir comme aujourd’hui le temps d’y revenir
..
Tout ça prenait momentanément place dans des boîtes
en carton ou des tiroirs ou des carnets
dont beaucoup se sont perdus dans les failles
des grands changement de la vie Départs déménagements
évacuations de caves réaménagements d’appartements
Voyages inutiles ou nécessaires Piles d’archives
jetées par erreurs ou par vengeance du destin
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Le peu que tu en retrouves sur des feuillets jaunis
est si souvent tellement médiocre et brouillonneux
qu’il ne mérite pas d’être réhabilité
mais il arrive parfois lorsque la journée s’annonce vide
et dépourvue de la moindre promesse d’inspiration
tels ces jours sans soleil où même les cimetières sont déserts
que dans les profondeurs des dossiers et des pages
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tu tombes sur quelque étoile de mots qui réclame de vivre
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Métamorphose postmoderne
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Il y avait ce poème de Tzara déclamé
à la radio par un acteur (célèbre en 1960)
dont aujourd’hui le nom m’échappe
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Sept mots m’en sont restés en mémoire
« Sur le chemin des étoiles de mer »
Finalement j’ai retrouvé grâce à l’Internet
le texte intégral qui a l’aspect d’un très long
délire où le plus émouvant côtoie des bizarreries
à la mode dans les années 30 du siècle passé
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Quel bonheur Quel élan Quel joyeux délire
ce devait être d’écrire quand on était dadaïste
On pouvait énoncer n’importe quoi et tout était beau
La « génialité » en ce temps-là touchait n’importe qui
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À présent je relis non sans perplexité ce poème oublié
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Il ressemble à ces torrents de mots qu’on écrit
dans l’enthousiasme d’une liberté qui laissera le sens épars
froidir de sa fusion chaotique et se coaguler tout seul
pour devenir un monument incompréhensible et mythique
définitivement maçonné dans la muraille littéraire
que les siècle dressent en face des téméraires
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Un mur d’histoire à escalader Un long chemin à parcourir
Chemin de ceux qui - pour avoir fait de poésie un but -
en braises ont changé ce qui fut la fraîcheur des étoiles de mer
https://electrodes-h-sinclair-502.com/poesie-poetry/tristan-tzara/sur-le-chemin-des-etoiles-de-mer/
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Sur la création en poésie et en général
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Le poète est un nain qui regarde son monde avec les yeux d’une géante, sans doute est-ce pourquoi p o e t a se déclinait sur r o s a du temps de Virgile.
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Un poète est un enfant suffisamment cruel pour ne pas tricher avec sa langue maternelle, non plus qu’avec rien ni personne d’autre.
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Ils prenaient pour un refus éthique de mentir ce qui était une infirmité : la seule réalité qu’il apercevait du monde, c’était sa frêle vérité de poète.
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Même en ayant appris que les nuages n’étaient pas d’ouate mais tenaient de la vapeur leur duveteux, il les s e n t a i t toujours en coton.
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L’essence du poétique est ce qui fonde l’art des œuvres, d’une sonate de Schumann : l’objectivation d’une âme extrêmement singulière...
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Certaines œuvres sont issues d’une envie de plaire qui exténue leur singularité, si bien qu’assez vite elle passent de mode, à jamais.
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Plus un créateur prend le risque d’une œuvre singulière, plus tardive est en général la reconnaissance des humains - si elle vient !
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Une œuvre n’est pas reconnue ? - C’est qu’elle est banale, ou n’était indispensable qu’à son créateur en ce qu’il avait de moins humain..
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Alchimie hivernale
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Un hiver beau comme une Venise en cristal
dont un enfant aurait plein les bras pour
l’offrir à la Musique ou encore à la Poésie
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Princesse à délivrer d’un invisible château
truffé de donjons que seuls peuvent voir
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et décrire en orbes planés goélands sternes
balbuzards et autres fans des mers dont l’oeil
repousse l’horizon Et la plaintive châtelaine
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penchée aux créneaux du futur scruterait
sur la plaine l’approche enfantine où miroite
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le lustre du présent Et l’hiver péniblement gravirait
la vis sans fin qui s’enfonce dans les hauteurs
de la tour d’ivoire jusqu’à la nuit qui l’attend
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