• Outre le vent et l'écho

    Outre le vent et l'écho

     

     

    1. Chaque plume emportée

     

     

     

    Chaque plume emportée vers le ciel voici que dépassée la nuit se dissipe et file vers un autre continent afin qu’en soient illuminées les hautes tours

     

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    Désormais il n’est plus décent de faire le compte des aubes et des soirs puisque l’éternité s’est rétrécie et que te suffit ton îlot avec sa grotte et sa Circé

     

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    Bleu-pâle au ras de l’horizon l’autre rive ondule vers laquelle incessamment se pressent les écumes alors qu’au-dessus de la cité condensent de sombres nuées

     

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    Là-bas les peuples parlent en mille confus dialectes que n’ont jamais éclaircis ni sagesse ni raison ni les emportements logiques d’aucun songe universel

     

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    Ils se satisfont pour orner leur vie d’un ramage de mythes et fables dont l’imaginaire enveloppe leurs esprits comme les dessins animés celui des enfants

     

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    Autant de contes et d’images autant de mondes et de clans autant de religions illusoires toujours prêtes pour durer à massacrer le réel s’il les contredit

     

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    Pendant ce temps craquent les séracs des glaciers en vrac et les flots éboulent les falaises où les villas de luxe faisaient face à la vastité splendide

     

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    Demain après-demain peut-être si survivent les écoles on enseignera une géographie telle que nous gens d’aujourd’hui ne saurions rien y reconnaître

     

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    2. L’île spéculative

     

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    Les fleurs du datura pendants jupons capiteux d’un blanc effluve de sommeil ô Lune entêteraient le crépuscule du matin

     

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    Notre univers serait l’équivalent d’une île heureuse fragment détaché d’un paradis oublié qui aurait survécu aux pires vicissitudes

     

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    Un volcan pacifique empanacherait les hauteurs de quelques fumerolles bleutées comme un cigare braise au bord d’un cendrier

     

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    Nous y aurions de clairs temples de marbre aux fûts cannelés que viendraient caresser longuement les rayons des aurores

     

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    Nul ne saurait qui les a eu bâtis mais nous les garderions intacts en souvenir de dieux disparus dont parlent les pierres gravées

     

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    À l’intérieur de vastes salles seraient tapissées de bibliothèques regorgeant de merveilleux livres aux miniatures polychromes

     

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    Nous enseignerions nos enfants avec les plus anciens ceux qui témoigneraient des plus terribles expériences de l’humanité

     

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    Peut-être sur leurs leçons sauraient-ils se construire enfin un avenir qui serait conçu à la mesure de ce que vivre a de plus vrai

     

     

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    3. Tous traînent derrière eux 

     

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    Tous traînent derrière eux leur passé pareil à un truand de cinéma en souliers blancs qui les suivrait surin au poing comme leur ombre

     

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    Par un dédale pavé entre des façades sans autre lumière ici ou là que la lueur des vitrines de souvenirs bribes du film de leur enfance

     

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    Tous courent sur les braises de leur vie qui sont en même temps les braises de leur mort à peine masquée sous un fin linceul de cendres

     

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    Une espèce de théâtre à l’air libre mais en tous lieux ceux qui se pavanent en se croyant les acteurs ignorent qu’ils sont des pantins actés

     

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    Ils font penser à ces rutilantes marionnettes siciliennes preux chevaliers rois casqués comme des pompiers héroïnes en fanfreluches

     

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    Que transparaissent sous la pourpre chamarrée leurs armures de laiton embouti - pas une pour soutenir un coup d’estoc ou de taille

     

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    Dans ce monde-là tout ce qui brille n’est certes pas l’or invisible du silence et la parole ne titre d’argent qu’en plaqué de fausse-monnaie

     

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    Et la plupart ne le quittent (teint hâve yeux délavés cheveux ternes en filasse sur le crâne mal-garni) que ridés et blêmes sans avoir vraiment vécu

     

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  • Commentaires

    1
    marine
    Dimanche 20 Août 2017 à 14:56

    je cherchais l'arbre femme un peu plus haut pour ma femme de papier

    c'est de qui ?

      • lasource
        Vendredi 27 Avril 2018 à 13:43

        Je n'avais pas vu cette question, en ce moment je n'ai pas beaucoup le temps de tout suivre...

        Et je ne comprends pas bien le sens de la question... Pour les romains les arbres étaient des nymphes, parce que l'aubier était comme une peau blanche. En latin le mot "arbor" est féminin. Pour les Grecs, le pommier était un arbre symbole du "féminin", etc... fais-tu allusion à cela ?

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