• Terraqué contemplatif

    Terraqué contemplatif

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    Derrière l’horizon l’oiseau d’or se retire au couchant      dépouillant sur les monts sa mue d’ombre violette      Quelques duvets de feu sont restés accrochés aux vapeurs      gemmes et coraux semés sur leur neige sourde      que piétine une théorie d’angelots chanteurs en train de regagner la nursery d’azur du paradis et son dortoir séraphique au plafond étoilé

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    Avec sa bouille blafarde d’hostie      la lune les regarde défiler      en attendant qu’il fasse suffisamment noir pour dérouler son tapis brasillant sur la mer      invite à l’impossible traversée      mais qui ne tente personne excepté peut-être       nues sous leur fourrure d’écume      quelques sirènes lasses de broder et rebroder sans fin l’ourlet du ressac au bord de la plage

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    Dissimulé sous les herbes sèches      pas très loin du muret sur lequel je suis assis jambes pendantes      sibilante s’obstine l’alerte électronique d’un grillon      pour avertir les humains qu’il ne fallait pas toucher à la carrosserie de la Nature      et que demain – ou après – inéluctablement vont      sur les délinquants s’abattre les essaims des forces qui la vengeront

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    Déjà l’on parle à la télévison de cyclones et d’inondations     Des images épouvantables de gens qui s’efforcent de fuir avec de l’eau jusqu’à la taille le salon de leur maison      alternent avec celles de toits que la tornade emporte en pièces détachées      comme une bourrasque disperse la paille des meules côniques      dressées dans les champs après la moisson

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    Quant à moi      qui ne verrai jamais la fin du millénaire      assis sur mon muret en remuant les jambes      j’écoute une à une se taire les cigales      bientôt il n’en reste qu’une      obstinée      hésitante      qui finit par renoncer car le cricri du grillon domine fort la nuit qui tombe      M’envahit soudain l’étrange sentiment      alors que tous les oiseaux se sont tus

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    que l’une et l’autre invisibles      créatures du miracle      étonnamment miniaturisées ainsi qu’abeilles ou fourmis      sont pourtant de ma parenté      car comme moi elles ont leur langage      leurs amours      leur musique      leurs parfums préférés      et parce que je peux encore      comme elles     ainsi que le permet simplement d’être en vie      balancer mes jambes

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    au-dessus du vide d’un mètre cinquante que ménagent les pierres sèches de la restanque      où le soir je viens rêver sous les pins      installé dans un corps que nulle douleur ne raidit pour l’instant malgré l’âge      (Là méditant vaguement       je songe à ce que pourrait être      sur ce globe d’emprunt à l’existence inexplicable et fascinante     vivre sans la folie des humains !)

     

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