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SUR LE MOTIF
La lueur dans ta paume
ouverte offre-la moi
En dépit de la pente
malgré les éboulements,
elle dure dans la mienne.
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Tu regardes les choses
en leur pur présent,
pour chaque détail, vision
de femme éternelle, décor
de belle amphore grecque
à travers les profondeurs
du vin mauve de la mer.
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Pour toi l’écume n’est pas
l’écume mais l’eau dispersée
Semaille qui grâce au vent
sans fin renouvelle en rythme
une lumière immaculée
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L’origine ni la fin
n’occupent ta broderie
.
Seulement les membres de bronze
du matin ultraviolet !
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L’eau t’accueille et le sable
t’aime au point de conserver
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le dessin mouillé de ton pied
qu’à genoux baise le soleil
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Elle abrite sous de larges pinèdes
les ombres végétales de tes rêves
et les galets que tu choisis
.
Nous serions un et deux ensemble
si je n’étais en filigrane, presque absent,
là où s’exerce ton amour,
ce quatre entre monts et mer…
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Toi femme et abîme
moi voix de surface et reflets
Je t’écoute et c’est un voyage
vers l’horizon, sur conque nacrée.
Si je parle, tu m’arrêtes.
Préfères-tu mon silence ?
.
Alors j’écris le consentement des choses
L’obsession en mon coeur pour ce vase d’argile
qui résonne d’un roseau lugubre
.
Dans ses eaux, accroupis,
par avance, je vois mes os,
comme un genou en terre
jouant de sa flûte indéfiniment
l’homme au corps de nuit
.
Ici le terme au double visage
Ici le droit et le courbe du sage
Ici le destin comme fleur d’orage
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Telle vague vautrée sur la vague
ensemble vont s’affronter au vertige
rouge des falaises acrotères
qu’embrument les lointains,
avaleurs de voiliers et de lames d’azur ;
.
Tandis que l’air avec la distance
se fait plus immense
les objets terrestres s’amenuisent
s’appauvrissent en détails ;
De même avec le temps, l’amour
et son gai cortège de souvenirs...
.
Sur la plage une ombre esseulée
attend-elle une victoire
splendide comme une statue éployée
debout sur la plus haute marche ?
Quelle mer attisée par les feux de Midi
la sculptera jamais dans le sel ?
……………………………………………...
Ici la terre a ta ferveur,
la blonde vivacité de ta vie
célébrée, de ta vie primesautière ;
.
lisse galet de l’épaule ou du genou,
rondeurs du corps, d’un sein
aigu comme soif après des jours
parmi les dunes du désert !
.
Douce noria aux frais miroirs,
tu voltes, beauté, de la lumière
à l’ombre en multipliant alentour
les escarboucles de la grâce
.
dont se voile ta nudité
…………………………………………….
Je t’écoute et c’est un voyage,
le timbre omniprésent d’un aéroport
un chuchotis de charme
que n’arrête aucun mur
et qui est à soi son propre écho.
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Près de moi oasis ou île
avec sourire d’accueil et palmes indolentes
que désaltère la lumière
et cette verdeur enracinée
dans la transparence d’un autre monde,
.
Qu’importent alors
quand vient notre nuit
les milliards de solitudes des étoiles,
l’amandier en fleur du printemps,
puisque nous sommes ensemble
la certitude de l’aurore
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Dans la forêt autour de la chapelle blanche
l’appel lancinant du coucou
que disperse la brise,
comme s’il recherchait une Eurydice,
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ou parfois le psaume grave des arbres
qui sollicitent la pluie
dont l’araignées entre les fougères
fera un pectoral de perles
.
Ici la terre a ta blondeur,
l’obstination fervente de tes jours.
L’aube te renouvelle ainsi que la mer
Le soir t’irise semblable aux ocelles
d’Argus qui se pavane
.
Et moi je m’émerveille tristement
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Lire la clarté de notre destin
dans ta paume ouverte,
puis entendre la musique douce
de ta main de menthe sur mon front
cela seul calme mes fièvres, mes folies ;
.
l’esquif et le pilote qui l’aide à surmonter
remous, maelströms, et tempêtes
(l’étrave haute faisant face),
reconnaissent cette main, celle
de la sainte fortifiée d’or qui sauve
le trois-mâts sur les icônes
malgré l’horloge de l’ouragan naufrageur !
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Il m’arrive d’avoir
ici-bas le sentiment d’être un sélénite
ou bien à tout le moins l’un de ces
crabes « boccaces » qui sortent à la pleine lune
avec leur unique grosse pince
écrivant en alphabet cunéïforme
sur le sable lustré par le reflux.
.
Derrière la limite des ténèbres
il y a un silence ;
celui qu’on découvre enfant
parmi l’humidité muette du bois étoilé
lorsque la chevêche s’est tue.
.
Hasardé sur le sentier les ombres
plus obscures que ta propre ombre,
l’on se trouve face aux légendes
qui bruissent dans les taillis.
Les cinq chauves-souris du Bonheur,
Les cinq jours du Voyage,
les cinq doigts unis par ta paume fraîche,
qui pour sa perfection n’a rien
à voir avec la pince du crabe de lune.
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